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Qui est réellement Mikao Usui ?

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Laurent Marchandiau
10 mars 2023

Il a mis au point la méthode de soins Reiki, après des années de recherche, et pourtant son histoire oscille entre mythe et réel. Méditant accompli, chercheur spirituel invétéré qui grandit pendant l’ère Meiji (1868-1912), le vécu de Mikao Usui est entouré de mystères.

Japon, 1865. La fin de l’ère Tokugawa est proche. La convention de Kanagawa de 1854 et le traité d’amitié et de commerce de 1858 avec les États-Unis met à mal le shogunat. Le climat social se tend dans un Japon oscillant alors entre traditions, réformes institutionnelles et modernisation.

Un contexte de profonds changements

La crise politique sous-jacente s’amplifie, le shogunat perd progressivement en popularité et finit par sombrer, actant la fin des samouraïs. Le pays du soleil levant amorce un virage sans précédent cristallisé par l’avènement de l’ère Meiji (1868-1912). Les samouraïs sont exclus, privés du droit d’usage exclusif des noms de famille, de porter le sabre et de tuer des roturiers leur manquant de respect. Cette fin de privilèges donne lieu à des affrontements sanglants écrasés par l’armée impériale en 1874. La rébellion de Satsuma en 1877 durement réprimée signe la fin des samouraïs, augurant une autre révolution…sociale et industrielle. Une période de troubles, de changements, la société japonaise connaît un renouveau sans savoir vers quoi elle se dirige réellement.

C’est dans ce contexte que naît Mikao Usui, dans la préfecture de Gifu, une province du centre du Japon historiquement connue par son savoir-faire dans la forge des sabres. Le nom d’Usui vient d’un de ses ancêtres, Chiba Tsunetane, un samouraï respecté qui avait conquis la ville d’Usui en 1551. Comme le veut la tradition japonaise de l’époque et le code moral des samouraïs, le bushido, à la mort de Tsunetane, sa famille prit le nom de la ville conquise, la famille Tsunetane devint la famille Usui. Comme beaucoup de japonais, il étudie le bouddhisme avant que cette philosophie spirituelle (comme les autres religions) soit interdite sous peine d’emprisonnement pour être remplacée par le shintoïsme, l’empereur Meiji l’ayant inscrit comme religion d’État. Il se forme très jeune à la pratique du Qi Gong – une gymnastique traditionnelle chinoise basée sur la respiration et maîtrise du souffle – au temple bouddhiste de Tendaï sur le mont Kuruma Yama (le lieu n’existe plus aujourd’hui), non loin de Kyoto. Il passe progressivement du courant bouddhique Tendaï, une école fondée au Japon par le moine Saichô et diffusant le bouddhisme mahāyāna, au courant Shingon vers l’âge de 27 ans suite à sa rencontre avec un moine bouddhiste Watanabe Kioshi Itami. L’école Shingon (signifiant « parole de vérité ») est l’une des deux écoles avec le Tendaï à pratiquer le bouddhisme tantrique (mikkyō en japonais qui signifie « enseignement ésotérique »). Ce courant est dit tantrisme de la main droite du fait qu’il n’utilise aucune pratique sexuelle, intégrant des éléments shintõ et le lamaïsme des pratiques bön (une religion tibétaine préexistante au bouddhisme). Durant son adolescence jusqu’à son âge adulte, Mikao Usui s’est nourri de différentes cultures et pratiques :

Naissance et premières influences

  • Le shintoïsme pour le bouddhisme à la japonaise ;
  • Les techniques respiratoires du Qi Gong issues de la Chine ;
  • Les pratiques bön du Tibet.

Un métissage qui donnera lieu, des années plus tard, à sa méthode de soins, le Reiki.

L’avènement du Usui Reiki Ryōhō : entre histoire et mythe

Alors adulte, il aurait suivi des études de médecine et en psychologie, des informations toutefois difficilement vérifiables. Homme aux multiples facettes, fervent partisan du nouveau régime progressiste de l’ère Meiji, tout comme son père, Uzaemon, Mikao Usui aurait exercé différentes professions au cours de sa vie, souvent sans succès : homme d’affaires, journaliste, employé de bureau, secrétaire du maire de Tokyo, Shinpei Goto… Inlassable chercheur, méditant accompli, il se retirait souvent au centre bouddhiste sur le mont Kurama Yama pour des retraites méditatives de plusieurs jours et de jeûne (21 jours). Haut lieu spirituel, entouré de nombreux monastères et de bibliothèques recensant l’une des plus importantes collections de textes antiques japonais, Mikao Usui aurait effectué de nombreuses recherches, étudiant les textes, les rassemblant. C’est au cours de l’une de ses études qu’il aurait découvert un ancien texte datant de l’empereur Daigo (885-930), le Reikiki (le deuxième ki signifie texte en japonais). Celui-ci était gardé au temple Ninna-Ji près de Kyoto, non loin du lieu de résidence de Mikao Usui. De ce texte, il en puisa l’essence même du Reiki, réconciliant les deux voies principales spirituelles de la société japonaise, le shintoïsme et le bouddhisme tout en apportant les réponses qu’il avait tant cherchées. Ainsi naquit le Reiki.

Mikao Usui - photo 04
Mikao Usui, le fondateur de la méthode de soins Reiki.

Une autre version indique que c’est en faisant une retraite méditative au mont Kurama qu’il aurait eu un satori, l’illumination. Pendant 21 jours, il effectua le jeûne, des méditations, des chants et prières, inlassablement répétés quand il s’aperçut qu’une énergie différente de ce qu’il connaissait émanait de tout son être. Il appliqua cette énergie et constata ses bienfaits et mit au point sa méthode plaçant cette énergie au centre de sa pratique tout en laissant une grande part à la pratique méditative. Il nomma ce système « Usui Reiki Ryōhō ». Le terme Reiki est en effet un mot commun en japonais, d’autres systèmes énergétiques utilisaient ce terme à l’époque, il fallait donc le distinguer. Il créa une école en 1922, la Usui Reiki Ryōhō Gakkai pour diffuser sa méthode de soins et mit en place un système d’initiation. Il aurait formé plus de 2000 praticiens de premier degré et entre 19 à 21 Maîtres Reiki (selon les sources). Mikao Usui décéda le 9 mars 1926 d’une attaque cérébrale, quatre ans après avoir mis sa méthode au point. Son école subsiste encore actuellement, mais n’est plus active. Elle a eu six présidents : M. Jusaburo Ushida, Kan’ichi Takétomi, Yoshiharu Watanabé, Hoichi Wanami, Kimiko Koyama, Masayoshi Kondoh.

De rares textes et une stèle commémorative éloquente

Stèle funéraire de Mikao Usui
La stèle funéraire de Mikao Usui.

Le décès brutal de Mikao Usui laissa son œuvre inachevée. La transmission de sa méthode étant orale à cette époque (comme dans la plupart des traditions méditatives), il n’a laissé que très peu de notes conservées à son école ainsi que les rares écrits précisant les véritables positions des mains sur le corps, sans l’explication et nomenclature de son fondateur ni de sa démarche. Ce qui explique, en partie, les dérives connues du Reiki, mais ceci est un autre sujet (voir article sur la genèse du Reiki).

Mikao Usui était marié à Sadako (nom de jeune fille Suzuki). Ensemble, ils ont eu un fils et une fille. Suite à sa mort, un mémorial lui a été dressé en février 1927 par les étudiants de son école. Située au cimetière public de Saihô-Ji (proche du temple de Saihô-Ji, Koke dera – le temple des mousses, dans la municipalité de Tôkyô), cette stèle a été composée par Okada Mazayuki, docteur en littérature et calligraphiée par Juzaburo Ushida, Contre-amiral. Elle retrace la vie de Mikao Usui, sa pensée et ce que représentait pour lui, le Reiki.

Il existe de nombreuses traductions de ce texte écrit en japonais ancien, parfois interprété avec plus ou moins de liberté. En voici l’une d’elles littérale :

« On appelle vertu ce que l’on obtient suite à des efforts et des entraînements. On appelle maîtres ceux qui ont accumulé ces vertus afin d’ouvrir la voie du salut, et la propager en l’étendant au monde. Depuis des siècles, de grands maîtres ont vu le jour dont Usui Senseï qui a trouvé une méthode de guérison du corps et de l’esprit par le Reiki basé sur l’universel. Ceux qui souhaitent obtenir ses enseignements des quatre coins du monde sont venus ici en son honneur.

Né à Gifu-Ken, Yamagata-gun, Taniai-mura le 15 août 1865, son père s’appelait Uzaemon Taneuji et sa mère Kawaï, il a toujours eu le courage de poursuivre ses études malgré la pauvreté qui lui était imposée dès l’enfance. Ayant voyagé en Occident et en Chine, il a forgé sa détermination, sans céder d’un pas aux difficultés de toutes sortes et un jour, il a gravi la montagne Kurama-Yama où il s’est entraîné dans la méditation et le jeûne, dans la persévérance absolue pendant une vingtaine de jours, période au bout de laquelle il a ressenti le courant spirituel universel au-dessus de lui (satori) et a découvert la méthode de guérison de l’esprit du Reiki.

Dès lors, il l’a apportée aux membres de sa famille et l’efficacité s’est révélée évidente, si bien qu’il a souhaité la propager à tous.

En avril 1922, il s’est installé dans le quartier de Harajuku à Tokyo et il a fondé une institution pour donner des séances de Reiki. On a vu de nombreuses personnes attendre à l’extérieur de l’établissement pour recevoir ses séances. En septembre 1923, face aux conséquences du grand tremblement de terre de Tokyo qui a provoqué des milliers de morts et de blessés, pris par un grand chagrin et une profonde compassion, Senseï s’est mis à donner des séances aux victimes.

Du coup, cette bienveillance a rassemblé davantage de fidèles, ce qui a rendu rapidement le dojo exigu et il s’est installé à Nakano en février 1925.

Étant réclamé dans des villes de province, il a parcouru le pays à travers Kure, Hiroshima, Saga et Fukuyama où il est tombé malade et s’est éteint le 9 mars 1926 à l’âge de 62 ans.

Homme de cœur, doux, serein et humble, il se comportait toujours sainement en corps et en esprit, son sourire en témoignait. Vaillant, patient et consciencieux, il avait des talents artistiques et aimait la lecture. Ses recherches sur l’histoire, la médecine, les soutras bouddhiques, la psychologie et même l’art divinatoire et le Yi-King ont constitué ses documents de base de l’entraînement qui ont par la suite ouvert la voie du Reiki. Le principe du Reiki ne consiste pas à la guérison d’une maladie, mais à rendre l’esprit heureux et le corps sain afin de jouir du bonheur. Sous les directives laissées par l’Empereur Meiji, il a donné cinq préceptes à répéter à haute voix et à graver au niveau du cœur le matin et le soir :

Juste aujourd’hui (aujourd'hui même) (今日だけは, Kyō dake wa) :

  1. Ne te mets pas en colère (怒るな, Okoru na ou Ikaru na)
  2. Ne te fais pas de souci (心配すな, Shinpai suna)
  3. Sois rempli de gratitude (感謝して, Kansha shite)
  4. Accomplis ton devoir avec intégrité (行を励め, Gyō o hage me ou Gō o hage me)
  5. Sois bon avec les autres (人に親切に, Hito ni shinsetsu ni)

Ce sont les premières leçons de l’entraînement pour ceux qui cherchent à s’élever spirituellement. Senseï les a accomplies et en a fait le « médicament spirituel » du bonheur pour vaincre toute maladie. Rien de complexe ni hors de portée, il suffit de s’asseoir calmement les mains en Gasshô au moment de la méditation et de la pratique du matin et du soir en nourrissant un cœur de sérénité en vue d’actes sains et corrects qui s’ensuivent. C’est ce que tout le monde peut effectuer.

Dans cette société instable où les pensées et l’idéologie changent constamment, s’il y a des gens heureux qui propagent cette méthode spirituelle, leurs apports vont clairement contribuer aux bienfaits des êtres humains.

Une vingtaine de disciples fidèles qui ont vécu sous le toit du dojo, ainsi que des disciples en province doivent répandre cette méthode. Malgré le décès de Senseï, le Reiki doit être propagé éternellement dans le monde. Ses disciples dévoués, qui l’ont acquis auprès de Senseï, et tentent de le diffuser le plus longtemps possible, souhaitent commémorer pour l’éternité les vertus du grand maître, sous ce mémorial spirituel en pierre au cimetière de Saiho-Ji à Tama-gun.

Pourvu que nos descendants lèvent leur regard pour le lire. »

Mikao Usui, en bref

  • 1865, le 15 août naît Gyoho Mikao USUI à Taniai-mura (actuellement Miyama-Cho), province de Yamagata, île de Gifu. Son père est Uzaemon Tsunetane USUI ( un militaire et partisan de l’empereur Meiji), sa mère est issue de la famille Kawai. Le nom d’Usui vient d’un de ses ancêtres, un samouraï Tsunetane Chiba qui conquit la ville d’Usui en 1551 et gagna ainsi, comme la tradition japonaise le veut, le droit de porter le nom de famille de la cité conquise.
  • 1868, l’ère Meiji s’ouvre et le Japon avec. Le système féodal est mis à bas, les samouraïs déchus, le pays connaît pleinement sa révolution industrielle déjà amorcée auparavant. Le shintoïsme devient religion d’État, les autres religions sont interdites. Le père de Mikao Usui partage les idées de ce nouveau régime et oriente l’éducation de ses enfants selon cela.
  • 1869, Mikao Usui est envoyé dans le monastère du bouddhisme Tendaï ou il apprend également le Qi-Gong. De cette pratique chinoise, il en tirera plus tard de nombreuses pratiques : usage du souffle, techniques de respiration, etc.
  • 1873, la levée de l’interdiction au Japon du Christianisme permet à Mikao Usui de s’y intéresser.
  • 1892, âgé de 27 ans, il se convertit au bouddhisme Shingon, un courant plus ésotérique du bouddhisme. Selon son mémorial, c’est à cette époque qu’il aurait également voyagé en Occident et en Chine ou il aurait étudié les thérapies occidentales et les médecines chinoises. Il exerce plusieurs professions, souvent sans succès et se marie à Sadako Suzuki. De cette union naîtra deux enfants, un fils, Fuji (1908-1946) et une fille (1913-1935).
  • 1912, l’Empereur Meiji meurt, son fils Taisho lui succède.
  • Vers 1918, Mikao Usui pratique le bouddhisme Zen pendant trois ans.
  • 1922, il découvre dans une des bibliothèques d’un monastère du Mont Kuruma, il découvre un manuscrit – le Reikiki - qui lui permet de concilier ce qu’il a toujours cherché : réconcilier le shintoïsme et le bouddhisme. Ce texte est une révélation sur laquelle il s’appuiera pour fonder sa méthode de soins.
  • Avril 1922, il fonde son école, la Usui Reiki Ryoho Gakkaï afin de diffuser sa méthode et ouvre, en parallèle, une clinique de soin Aoyama à Tokyo. Il en profite pour affiner sa méthode, met en place des degrés et commence son enseignement.
  • 1925, la clinique, devenue trop exiguë, déménage à Nakano, un nouveau quartier de Tokyo. Il se déplace dans tout le Japon pour diffuser sa méthode et prodiguer des soins.
  • Le 9 mars 1926, il décède subitement d’une attaque sans avoir terminé de nomenclaturer sa pratique, laissant quelques rares écrits (positions des mains, symboles et techniques énergétiques) sans pour autant laisser d’indications sur sa démarche et leurs compréhensions spirituelles.
  • En février 1927, ses élèves élèvent une stèle en sa mémoire. Il aurait formé plus de 2000 personnes, dont 17 à 21 possédants le shinpi-den (équivalent à la maîtrise, celle-ci n'existant pas dans la méthode de Mikao Usui). Des chiffres cependant difficilement vérifiables. Certains textes font état que le Usui Reiki Ryoho a été reconnu par le ministère de la Santé et du Bien-être japonais, à tort. Ce ministère est apparu après la mort de Mikao Usui, en 1938.

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